Mes yeux se baladant sur ce ciel éblouissant, qu’on ne pouvait décidément voir que dans un rêve, j’écoutais avec une attention mêlée d’un je m’en foutisme totale mon double parler de nous. « Nous sommes nés il y a maintenant presque 31 ans. Plus ou moins. Un 30 Juin de l’année 1981. On n’a pas été facile à sortir. Pauvre maman. Elle a lutée des heures pour que Randy et nous puissions passer et respirer l’air pur (enfin pur mouais …) du monde extérieur. Nous avons été les premiers à sortir. Les ainés de la fratrie Jones… » Je tournais mon visage de coté, le regardant alors avant de lui demander « Sérieusement, tu veux pas dire tu ou j’ai ? Là en disant nous j’ai l’impression d’être schyzo ça craint… » « Ferme là. Tu es schyzo sinon on ne serait pas là à papoter tous les deux. » Je soupirais en reposant mon regard sur le ciel qui m’envoutait totalement et le laissais donc à son blabla. « Je ne sais même plus où j’en étais maintenant… ah oui. Donc nous avons été les premiers à sortir et notre père fit rapidement de nous le frère ainé. Alors que notre mère nous apportait tout l’amour qu’une mère pouvait donner à ses enfants, notre père lui conserva un masque de froideur et de dureté que nous n’arrivions pas à percer. Malgré les efforts que Randy et nous pouvions faire, nous n’arrivions jamais à déterminer s’il était content de nous, fier de nous, heureux de nous avoir. Il nous apprenait tous ce qu’il y avait à savoir sur la famille, sur la ville, et sur les "guerres" de familles, si on peut dire ça comme ça. Rapidement, il nous apprit tous ce qu'il savait, pour faire de nous les meilleurs avocats du pays et perpétré la tradition familiale. Nous n’étions pas comme tous les enfants dit normal de la citée. Non… loin de là même. Eux ils pouvaient jouer à tout et n’importe quoi, laissaient leur mentalité d’enfant les emporter dans des aventures imaginaires alors que nous, nous nous entraînions pour être ce que notre père voulait qu’on soit. Nous ne retrouvions que la simplicité de l’enfance une fois dans notre lit, bercés par notre mère qui nous contait alors de merveilleuses histoires pour nous endormir. » Il avait raison. Je m’en souvenais très clairement. Comme si c’était hier. Comment cela se faisait-il qu’après tout ce temps je puisse m’en rappeler encore ? « Que se passe-t-il ? » Me questionna-t-il alors en voyant certainement quelque chose de soucieux sur mon visage. « Je me demandais simplement comment cela se faisait que je puisse m’en souvenir autant. » Il se mit à rire doucement. « C’est simple. Tu te souviens de ce qu’il faisait quand nous n’étions pas aussi bons qu’il l’espérait ? » Je le regardais et acquiesçais d’un signe de tête avant de lui répondre. « Oui… il nous mettait des coups jusqu’à ce qu’on y arrive… » « Ça nous a marqués. Et la douceur de maman nous transportait après totalement une fois la nuit tombée. » J’acquiesçais une nouvelle fois. « Oui… elle me manque. » « A moi aussi… » Un silence s’installa entre nous. Comme si nous voulions par cela marquer une pause, un moment de recueille, en mémoire à notre mère. « Elle est partie bien trop tôt. Nous n’étions que des gosses. Des gamins immatures et en plein besoin d’affection. » « Nous n’avions que sept ans lorsqu’elle est partie. Sept ans… » Il soupirait en même temps que moi. « Père ne nous a rien dit. Encore aujourd’hui, il continu de garder le silence sur la disparition de maman. Et on lui en veut. Pourquoi ne nous dit-il rien ? » « Je ne sais pas… je ne le comprends pas. Même après toutes ses années il reste presque un parfait inconnu. » Je m’étais redressé, m’étirant, me grattant les yeux qui me piquaient après ce souvenir assez douloureux. « Ça te dit une petite pause ? Qu’on mange un peu ? Je sens notre estomac crier famine. » Je le regardais avant de sourire « On peut avoir faim dans les rêves ? » Il levait les épaules. « Faut croire que oui. Façon on peut manger tout ce qu’on veut ici tu n’as qu’à l’imaginer pour que ça apparaisse sous tes yeux. » « Tu te crois au pays imaginaire ou quoi ? » « Ta gueule et ramène toi. »

Nous étions entrain de revenir du petit festin qu’on s’était fait, le ventre gonflé comme jamais. « Je me suis foutu de ta gueule mais en fait c’est vraiment le pays imaginaire ici. » « Je t’avais dit du con, tu penses à un truc et paf tu l’as. » Je souriais. Si seulement cela pouvait être comme ça en réalité. Je me sentais bien ici, dans ce monde sans contrainte, sans peur, sans rien. Je me réinstallais sur l’herbe, vraiment très douce en passant, alors que mon moi, mon double, faisait de même à mes cotés. « On continue ? » J’acquiesçais d’un signe de tête. « Donc… suite à cette disparition, père n’a eu de cesse que de nous entrainer encore plus violemment. La douceur de maman n’étant plus là, un puissant manque affectif se faisait ressentir. Et cela dura pratiquement deux ans. Trois tout au plus. Tu te souviens les heures de cours juridiques sur l'ensemble des loiset systèmes du pays en plus des entraînements physiques que nous devions faire pour être les meilleurs de partout ? » Encore une fois je bougeais la tête pour toute réponse. « On en a eu des bleus, des hématomes, des coupures et des os cassés. Mais cela était soit disant pour notre bien… » Je ne disais rien, pensant simplement à un peu de décontraction et c’est alors qu’une strip-teaseuse apparue avec sa barre, nous faisant un show privé. Il se mit à sourire et à glousser doucement avant de me lancer un « Pervers » Je le regardais du coin de l’œil « La ferme. Tu l’es autant que moi. » Il se mit à sourire en posant son regard sur la jeune femme puis continua. « Deux ans où père ne nous montra aucune affection, aucun sentiment. Comme si cette disparition ne le touchait pas. D’ailleurs, deux ans après, voila qu’il nous présentait sa nouvelle conquête, celle qui allait devenir sa nouvelle femme. Celle que tu as haïs pendant deux ans. » Je souriais en coin. Je me souvenais de cette époque. Quel sale gamin je pouvais être. « Tu l’as fait ramer la pauvre. Et père qui devenait plus violent en voyant cela et nous on faisait quoi ? On souriait, moqueur. Jusqu’au jour où elle réussit à nous toucher. Où elle réussit à lire en nous et à voir notre peine. Où elle réussit tout doucement à nous redonner ces moments de bonheur et d’affection qu’on avait en droit de recevoir. Elle n’était pas notre mère, et ne le serrait sans doute jamais, mais depuis ce jour, notre cœur c’est de nouveau ouvert et on à commencer à l’aimer. Ses enfants aussi d’ailleurs. Ce fut électrique au début entre eux et nous cependant d’un seul coup tout changea. Tu les considérais comme tes petits frères et sœurs. Ils étaient ta famille et tu les aimais. Tu les aimes toujours d’ailleurs encore aujourd’hui et serait prêt à faire n’importe quoi pour eux. » Je le regardais. Il avait raison. Totalement raison. « Tu raconte cela en parlant de moi maintenant et non en utilisant le nous ? » « Ouais mais t’avais raison en fait ça faisait trop psychopathe donc bon et vu que je ne suis qu’une part de toi et que c’est toi qui a vécu tout ça alors je raconte avec tu et non avec nous. Oh et puis fait pas chier. » Je souriais de nouveau en retournant mon regard vers le ciel, ayant complètement oublié la strip-teaseuse qui avait alors disparue. « Cette tragédie, ce chaos, à été comme une renaissance en toi. Bien que tu n’oublies pas ta mère et que tu ne l’oublieras jamais, tu as aujourd’hui une famille que tu aimes plus que tout et avec qui tu arrive de nouveau à retrouver bonheur et gout à la vie. Enfin… sans ton père cela va de soit. » « Ouais… cet enfoiré ne comprend rien. Il n’y a que sa place d'avocat et sa putain de réputation qui sont important à ses yeux. Il ne voit pas qu’il est entrain de perdre Randy comme ça ? Et que je perds aussi mon frère à cause de lui ? Pffff… » Il ne disait rien. Il savait que j’avais raison. « N’empêche, Spe elle est comme toi. Vous n’avez pas le même sang mais un putain de même sale caractère. Je n’ai jamais vu ça. On pourrait réellement croire que vous êtes de vrai frère et sœur. » Je souriais et lui faisais un clin d’œil. « Qu’on ait le même sang ou non, elle est et sera toujours pour moi ma sœur. Ma petite sœur. Je la connais depuis toute petite. Je l’aime cette sale merdeuse, même si avec nos caractères on se prend la tête, je sais que je peux compter sur elle tout comme elle sait qu’elle peut compter sur moi. C’est une battante et un adversaire redoutable. » « Une dingue ouais… » Je me mis à rire en l’entendant. Il n’avait pas tord. Mais j’aimais cette petite, tout comme j’aimais les autres membres de ma famille.

« Dernière ligne droite, tu es prêt. » Oui, bien sûr que je l’étais. Après tout, qu’est-ce qu’il pouvait bien me dire d’effrayant ? Rien du tout. Je me redressais, me relevais et m’étirais, lui disant d’un bref signe de tête de continuer. Bien que ce monde apaisant me plaise, j’avais tout de même hâte de retourner dans mon monde. « Très bien. Donc… Cela fait maintenant un bon nombre d’année que ton père à cesser de te casser les bonbons avec tes entraînements. Tu es pour lui quelqu’un de prêt. Un soldat parfait, et tu agis pour le bien de ta famille en étant devenu le meilleur avocat de la ville. Voulant vivre quelque chose de plus grand et réussir ailleurs, tu as décidé de quitter la maison familiale pour venir t'installer il y à seulement quelques semaines dans l'ancienne ville familiale que ton père avait quitté dans sa jeunesse. Voulant par là recommencer seul et reprendre là où tes véritables racines étaient. Cependant, une rencontre bouleversa tes envies. » Je me tournais vers lui. Était-ce si évident que ça ? Étais-je si transparent ? Non je ne le pensais pas. mais il avait raison. Faye. « Oui je parle bien d’elle. Faye. Tu te souviens ? » « Bien sûr » Il souriait. « Elle est superbe. Vraiment belle et adorable en plus. Vous vous êtes rencontrés un soir, près d’un bar. Tu buvais dans celui-ci avec quelques connaissances d du boulot lorsqu’en sortant tu l’as vu en mauvaise passe avec un gros lard qui allait sans nul doute abuser d’elle. Sans réfléchir, tu as mis ton poing dans la gueule du gars qui s’est rétamé sur le sol. En un coup tu l’as fracassé n’empêche. Bref, tu l’as prise dans tes bras puisqu’elle avait du mal à tenir correctement debout, l’aidant à marcher avant de vous installer sur un banc dans un parc non loin de là. » Je souriais. Je me souvenais très clairement de cette soirée et de la sensation très bizarre que j’avais pu avoir en croisant son regard et son visage d’ange. Comme une décharge électrique traversant l’ensemble de mon corps. Me foudroyant sur place. « Au moment de vous quittez, il y a eu comme une attraction. Comme une force, invisible mais puissante entre vous… » Il termina là me regardant simplement, me laissant me remémorer ce moment sans rien dire. Mes yeux pétillaient à la pensé de cet instant. Cette force, cette attraction que nous ressentions l’un pour l’autre. Je ne saurais la décrire. Mais ce fut tel que nos lèvres se frôlèrent légèrement avant de se déposer les unes sur les autres. Un baiser tendre, doux, et passionné en même temps. Plein de fougue et d’émotion. C’était intense. Étrange. Au moment où elle allait partir ma main se referma doucement autour de son bras. Je lui demandais son numéro, elle accepta. Je souriais. Heureux. C’était bizarre mais j’aimais cette sensation. Ce qu’il venait de se passer. Les jours suivant, nous nous sommes revus. Chaque fois que je la voyais, un sourire s’installait sur mon visage et j’oubliais alors tout souci. Chaque jour, les sentiments s’installaient entre nous. Je me sentais bien. Vraiment bien avec elle.

C’est sur cette dernière pensé alors que je me voyais partir. Le monde où je me trouvais disparaissait et mon alter égo me faisait un signe de la main. Je lui souriais alors, lui rendant son signe avant de d’atterrir dans mon corps, sur mon lit, dans ma chambre. Mes yeux s’ouvraient tout doucement. Je regardais autour de moi, et voyait que le soleil de s’était pas encore levé. La brise de la nuit s’infiltrait dans ma chambre par la fenêtre que j’avais laissée ouverte et se déposait sur mon corps nu, me faisant frissonner. J’étais bien. C’était bon. Je me levais alors, enroulant le drap autour de la taille et ouvrait en grand la fenêtre de ma chambre afin de profiter du spectacle qui était sur le point de se produire. Un sourire sur les lèvres, je regardais le soleil se lever et la journée commencée.