On peut dire que ma famille et moi on est uni comme les doigts de la main. J'aime ma famille et je ne la changerais pour rien au monde. Certes, ce fut difficile quand mes parents m'annonçaient à l'âge de cinq ans qu'ils allaient se séparer car ils ne s'aimaient plus comme avant.
« Mais vous m'aimerez toujours ? » Dis-je les larmes plein les yeux serrant ma peluche dans mes bras. J'avais toujours eu cette peur de ne pas être aimé et je ne savais pas d'où elle venait. Mon père passa une main dans mes cheveux et ma mère disait que cela ne changerait rien à leur amour, juste qu'un week-end sur deux j'irai chez papa. J'étais rassuré même si je trouvais ça nul que l'on ne vive plus sous le même toit. Mon père s'est remarié un an plus tard avec une femme un peu plus jeune que lui et j'ai eu une demi-sœur. Pour moi c'était ma sœur à part entière, je lui tirais les cheveux, je décapitais ses barbies mais au fond je l'aimais énormément. J'étais juste un peu jaloux qu'elle ait mon père toute la semaine à ses côtés et que moi non. Je pouvais ce pendant compté sur l'amour maternel.
~♢~
Je n'ai jamais été très études et j'avais déjà trouvé ma vocation durant mon adolescence : je voulais être mécanicien. J'adorais passer des heures sur des voitures, ou à trifouiller dans le capot c'était une véritable passion. Ainsi après le collège je pris la direction d'une école pour faire ce métier et je fis un diplôme en alternance où je trouvais enrichissant de travailler en même temps qu'apprendre. J'eus mon diplôme du premier coup et une place dans un garage dans la foulée. Je ne pensais pas que j'aurai rencontré celle qui allait faire chavirer mon cœur. C'était un jour de janvier, il pleuvait et je passais l'après-midi à faire des révisions quand j'entendis un :
« Excusez-moi ! » Je releva la tête de mon capot pour voir une jeune fille blonde, trempée jusqu'au pieds, juchée sur des talons qui me regardait. Je me demandais ce qu'elle faisait là car vu sa tenue elle aurait eu plutôt sa place dans un magazine de mode.
« Je viens de faire deux kilomètres à pied sous la pluie car votre téléphone ne fonctionne même pas, ma voiture est tombée en panne et j'aurai aimé un coup de main. » Pas de bonjour ni de sourire poli, quelque chose me disait que j'étais tombé sur une chieuse. Je m'essuya les mains pour aller prendre les clés de la camionnette. Je m'installai au volant alors qu'elle restait dans le garage.
« Vous montez pas ? » « Mon père m'a toujours dit de ne pas monter avec des inconnus. » « C'est votre droit, mais je ne resterai pas ici toute seule, on sait jamais... » Evidemment il n'y avait rien à craindre, mais elle devait avoir quelle âge ? Vingt ans à tout casser et elle écoutait encore son père ? Elle se décida de monter à mes côtés et on parti en direction de sa voiture à deux kilomètres de là. J'en conclus rapidement que la voiture allait passer quelques jours au garage.
« Je pourrais avoir votre numéro ? » « C'est de la drague ? » « C'est pour la voiture. » Pas tout à fait, je voulais bien son numéro aussi. C'est comme ça qu'on s'est rencontré et malgré son mauvais caractère ce jour-là, je savais que j'allais la revoir.
~♢~
« Laisse-là ! Tu entends laisse-là ! » Je hurlais contre un homme qui avait eu le malheur de frapper ma demi-sœur. Elle n'avait que dix-huit ans, moi vingt-cinq et je l'avais surpris en train de la frapper comme si ce n'était qu'un vulgaire objet.
« Arrêtes Zéphyr ! » Que j'arrêtais ? Pourquoi ? Ce petit minable avait osé lever la main sur elle et c'était moi qui était considéré comme le connard ? Je ne comprenais pas, je ne la comprenais plus depuis un an déjà. Elle qui avait ce rire cristallin et ces doux cheveux blonds confiait son amour à un abruti comme lui ? Je l'avais choppé par le tee-shirt en le plaquant contre un mur. On était à deux rues de chez nous mais je voyais les larmes de ma sœur qui coulaient sur ses joues.
« Et qu'est ce que tu vas me faire ? » « Laisse le Zéphyr ! » J'avais une folle envie de lui mettre mon poing en plein dans ses dents mais je m'en empêchais car il n'en valait même pas la peine, je le lâchais violemment tandis que ma demi-sœur courrait pour voir s'il allait bien.
« Tu lui demandes ça ?! A lui ?! Il te frappe et tu ne dis rien ?! Tu es vraiment pathétique. » Je serrais les poings en ne la regardant même pas.
« Qu'est ce que ça peut te foutre ? » Et lui de quoi se mêlait-il ? Je regardais une dernière fois ma sœur qui me déclara :
« Mais je l'aime. » Imbécile. Tous des imbéciles. Je la plantais dans la rue, pour rentrer à mon appartement. Elle me décevait, je l'avais toujours aimé mais à cet instant précis je la détestais.
~♢~
« Je suis enceinte. » Ca c'était pas prévu. De un car je ne voulais pas d'enfant tout de suite, de deux car elle avait juré resté vierge jusqu'à ce qu'on se marie et moi je lui avais un discours comme quoi ce n'était pas pour autant qu'elle finirait en Enfer si on le faisait... Elle allait voir ça comme un signe j'en étais sûre. Sa famille était très religieuse, son père me voyait comme un petit con de banlieusard qui influençait sa fille alors s'il savait qu'elle était enceinte de moi j'avais intérêt à préparer mon tombeau. On était fiancé depuis six mois et voilà qu'elle était enceinte. On était mal. J'étais mal.
« Okay... on panique pas. On ne panique pas. » je paniquais, j'étais terrorisé, son père allait me tuer à coup de pelles.
« Tu vois je te l'avais dis qu'il fallait attendre le mariage ! Dieu m'a puni ! » « Oh je t'en prie pas maintenant hein. » « Tu ne comprends rien, rien ! » Elle me balança un magazine en plein visage. C'était les hormones ? Non juste la colère peut-être car je l'avais un peu dupé.
« Juliet... » Elle me répondit même pas et claqua la porte de l'appartement. J'étais mort.