+ Quand les gens croisent mon regard, je le sais, il voit mon frère, mon frère aîné. C'est insupportable et je dois subir ça quotidiennement depuis mes six ans. N'ai-je pas assez de charisme pour m'affirmer ? Visiblement pas. Je n'ai jamais été une grande gueule, et pourtant, il y en a un paquet à revendre dans la famille faites-moi confiance. Enfant, j'étais rêveur, souvent dans la lune. Je rêvais de m'installer en France, à écrire vers et prose ou même et pourquoi pas, à devenir le Picasso des temps modernes. Apparemment, j'ai loupé ma vie.

+ À douze ans on m'a cloué sur un fauteuil, paralysé. Au-delà de toutes les avancées en matière de santé j'avais ce qu'on appelait le plus communément la polio. Douce ironie n'est-ce pas ? Contagieux au possible je suis resté trois semaines à l'hôpital avant de rejoindre mon chez moi, sans l'usage de mes jambes toutefois. Mais ce n'était rien, rien du tout comparé à cette foutue rééducation. Deux ans de ma vie en l'air à apprendre à marcher convenablement. Autant vous le dire, je ne vais plus chez le médecin. C'est presque une phobie pour moi de m'y rendre, même à l'heure actuelle.

+ Arrivé à l'adolescence, aucune frasque. Oui, bon peut-être bien quelques conneries mais rien de bien méchant. J'avais envie de me démarquer certes, mais pas à mal. Comme tout le monde j'ai fumé des joints, brûlé quelques poubelles et déplacé certains panneaux routiers mais rien d'extraordinaire croyez-moi. J'avais cette étiquette, celle du premier de la classe, prétentieux et visiblement chiant. Tant pis.